vendredi 27 avril 2007

Le chef est à l'orchestre

En dénonçant les menaces (réelle ou supposées) que Nicolas SARKOZY fait peser sur les libertés publiques, en s'abstenant de donner dans ce cadre toute consigne de vote et, enfin, en laissant ses proches faire campagne avec l'UMP, on devine les contours de la stratégie de BAYROU.

  1. Il faut que Nicolas SARKOZY gagne. En effet, le leader centriste pense que le PS va sortir en lambeau de cette campagne. Aussi, il compte sur une explosion ou au moins une scission au sein des socialistes pour asseoir sa nouvelle Alliance Démocrate.
  2. Il faut que Nicolas SARKOZY gagne mais de peu. L'étroitesse de sa victoire fragilisera la légitimité que la forte participation du premier tour aurait pu lui donner et la faible capacité de rassemblement du chef de l'UMP aura été mise en exergue.
  3. François BAYROU doit obtenir un maximum de parlementaires UDF aux législatives (au moins 60). En laissant libres ses députés et sénateurs de soutenir voire de faire campagne pour SARKOZY, il s'assure de la pérennité de ses groupes parlementaires. Il ne faut pas douter du fait que ces élus lui resteront fidèles après l'élection. A ces derniers viendront s'ajouter celles et ceux qui auront conquis de nouvelles circonscriptions dans le cadre de nombreuses triangulaires à venir.

En agissant ainsi, François BAYROU a trouvé une alliée objective aux desseins divergents : Ségolène ROYAL.

Elle n'a que faire d'un parti qui l'a plus embarrassée dans sa campagne qu'autre chose. En lançant, sans aucune concertation interne, l'idée d'un débat et surtout d'une alliance politique avec l'UDF, elle a dynamité le dogme mitterrandien, et par là même sacré, de l'union de gauche. Ce Bad Godesberg réalisé en 24 heures, cette couleuvre, que dis-je cet anaconda, est presque passé comme une lettre à la poste sous le seul prétexte que la victoire lui donnera raison.

Reste Nicolas SARKOZY... Qui aurait pu penser qu'arrivé en tête au premier tour, qu'ayant réuni plus de 11,4 millions d'électeurs (soit dit en passant 600.000 voix de plus que le général de GAULLE en 1965), il serait relégué, au moins en première semaine, au rôle de spectateur du second ?

jeudi 26 avril 2007

Quitte ou double

Quel pari ! Débattre avec François BAYROU, lui qui refuse de donner ses voix, pour attirer à soi une immense majorité de ses électeurs.
En effet, avec une gauche de la gauche à l'agonie, Ségolène ROYAL devait bouger pour préserver ses chances. Il fallait donc une réponse à la hauteur du défi. Beaucoup diront qu'elle fait prendre un risque majeur au PS qui peut être menacé dans son unité, les mêmes diront que lancer l'aggiornamento du Parti Socialiste entre les deux tours d'une élection présidentielle est suicidaire, enfin ils pleureront sur le peu de cas que la candidate fait du Parti. Tous ceux là auront raison si Ségolène ROYAL perd. Mais si elle gagne...
Selon les hypothèses, il lui faut réunir entre 65 et 73% des électeurs de François BAYROU qui n'auront pas choisi l'abstention au second tour. C'est énorme.
Le dogme du congrès d'Epinay, cette sacro sainte union de la gauche, est laminé par l'audace ou le culot, c'est selon, de la candidate socialiste. Elle estime que sa victoire est à ce prix.
En tout cas, il faut reconnaitre que, pour le moment, elle a totalement eclipsé Nicolas SARKOZY.

lundi 23 avril 2007

Les enseignements du premier tour

Voici une analyse brute des résultats du premier tour :
  1. Les sondages ne se sont pas trompés à l'exception de CSA qui seul donnait vendredi soir Jean Marie LE PEN devant François BAYROU.
  2. Avec 11,4 millions d'électeurs, Nicolas SARKOZY réalise deux fois le score de Jacques CHIRAC en nombre de voix au premier tour des présidentielles de 2002 (5,7 millions de suffrages).
  3. Ségolène ROYAL réalise un score supérieur de 2 points à ce que l'on attentait et cela constitue un succès incontestable.
  4. François BAYROU a empeché Ségolène ROYAL d'être en tête lors de ce premier tour car bon nombre d'électeurs de gauche se sont portés sur lui. Il reste l'arbitre de cette élection.

Enfin un commentaire sur les résultats avant 20 heures. Les sites étrangers dont j'avais ici dressé la liste et notamment les belges, ont été saturé par les connexions dès 18 heures. Seuls les sites suisses sont restés accessibles. La TSR ou 20 minutes Genève ont diffusé dès 18h15 les SSU et dès 18h45 les premières estimations fiables. Al JAZEERA donnait également dès 18 heures les noms des deux finalistes.

mercredi 18 avril 2007

Les résultats avant 20 heures (MàJ)

Comme convenu, je retire le post avec les liens qui auraient pu vous donner les résultats avant Dimanche 20 heures. Je me conforme ainsi à la loi électorale française.

L'instabilité de l'électorat

A 4 jours du premier tour, force est de constater que nous sommes dans le flou absolu. La proportion d'indécis est telle que se risquer à prédire un résultat semble bien bien hasardeux :

De quoi sommes-nous sûrs ?
1. Le match se jouera entre MM. BAYROU, LE PEN, SARKOZY et Mme ROYAL.
2. La possibilité de voir Jean Marie LE PEN au second tour même si cela semble difficile reste entière.
3. Il y a une dynamique de fin de campagne favorable à Ségolène ROYAL et François BAYROU alors que MM. LE PEN et SARKOZY semblent plus à la peine.

Quelles sont mes hypothèses ?
De mon point de vue, le second tour semble être hors d'atteinte pour Jean-Marie LE PEN qui, même s'il se situe dans ses niveaux de 2002 (13% le 16 avril 2002), ne paraît pas en mesure de passer nettement la barre de 20% et donc de menacer Mme ROYAL.
François BAYROU est l'énigme de cette campagne, les sondeurs l'ont parfois sous-corrigé, parfois sur-corrigé. Bref, personne ne sait s'il ne va pas finalement emporter le vote de l'électeur indécis une fois dans l'isoloir. Donc soit il fait 25, soit il fait 15 voire moins.
Ségolène ROYAL est en mesure de se qualifier pour le duel final. Jamais elle n'a été devancée par ses poursuivants directs et l'indice global la montre entre 24 et 25% depuis le 12 mars dernier, preuve de la grande stabilité des intentions de vote de la candidate socialiste.
Nicolas SARKOZY est le favori de ce premier tour et cela rend sa position très fragile car bon nombre de ses électeurs qui ont pu se sentir mal à l'aise avec certaines de ses dernières déclarations pourraient se réfugier finalement dans un vote centriste en se disant que de toute façon il sera qualifié.
Bref mes conclusions sont bien floues et, comme d'habitude, bien prudentes.

Au petit jeu bien dangereux de Mme IRMA, voici quel est mon pronostic :

BAYROU : entre 15 et 25% (je ne me mouille pas trop là, mais je n'arrive pas à voir clair)
LE PEN : entre 15 et 18%
SARKOZY : entre 21 et 26%
ROYAL : entre 21 et 23%
Avec un beau score d'un candidat d'extrême gauche (peut-être BOVE???)

Dans cette hypothèse, le grand perdant de ce premier tour serait Nicolas SARKOZY. Nous verrons bien dimanche.